Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/250

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MARTHE.

Tant que cela ?

JALLIGNY.

Deux lustres.

MARTHE.

Je vous chargerais bien de les bazarder, ces lustres-là !

JALLIGNY.

Vous vous rappelez Deauville, Évian, Divonne même…

MARTHE.

Quel Bædecker !

JALLIGNY.

Je réfléchis tout à coup que nous nous sommes rencontrés surtout en été, n’est-ce pas ?… Nous étions des relations balnéaires… Je ressentais beaucoup d’affection pour de Chavres et vous voyagiez tellement, tous les deux, qu’on finissait par se croiser tout le temps… Pauvre garçon ! il a souffert énormément de votre séparation ?

MARTHE, (s’asseyant dans une pirouette.)

Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ?

JALLIGNY.

Pan !… Vous avez un de ces coups de raquette ! C’est méchant, d’ailleurs, car vous êtes la seule femme qu’il ait aimée… Il parle encore de vous d’une façon très touchante, je vous assure.

MARTHE.

Qu’est-ce que vous évoquez là, Jalligny, de si lointain ? Je me demande si j’ai jamais été cette bécasse de ville d’eaux…