Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/266

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s’assied.) Une pensée… Laquelle ? (Elle allume une cigarette.) Cigarette ? (Elle lui tend distraitement un étui, il se lève, va prendre la cigarette, la porte à sa bouche, puis, obéissant à une pensée brusque, il la fourre ostensiblement dans son veston.) Vous préférez la fumer dehors ?…

LE JEUNE HOMME.

Non… Je préfère la garder…

(Il détourne les yeux et demeure sage, dans son fauteuil, les genoux serrés et le chapeau sur les genoux. Elle le dévisage encore un instant, puis elle s’installe devant l’album, lance des bouffées rêveuses de cigarette. Le regard va alternativement de l’album au jeune homme. Un imperceptible frémissement des narines trahit une réflexion intérieure. Elle referme l’album avec brusquerie.)
MARTHE.

Décidément, non !… l’inspiration ne vient pas… Écoutez… Laissez-moi ce machin… Je l’emporterai chez moi et je chercherai une phrase à tête reposée… Vous reprendrez l’album 42, rue de Courcelles… jeudi, voulez-vous ? Ou vendredi ?

LE JEUNE HOMME.

Mais le jour que vous préférerez…

MARTHE, (rapide, d’un air détaché.)

Jeudi ?… À quelle heure ?

LE JEUNE HOMME.

L’heure que vous préférerez également !

MARTHE.

Six heures ?

LE JEUNE HOMME.

Six heures.