Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/59

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pitude !… De deux choses l’une, ou vous vous approprieriez ces mémoires…

DON JUAN, (l’interrompant.)

Mon intention est de les remettre aux héritiers légitimes.

NUNEZ.

Et voilà, mort de ma vie, ce que je ne veux pas, moi !… Rompons, Monsieur !… D’autres soucis me réclament. Vous avez entendu, chapelain ? Jugez-vous que j’outrepasse mon droit ?

LE CHAPELAIN.

Monseigneur, nous connaissons l’homme que vous êtes, épris de justice avant tout. Les légistes actuels pourraient discourir à perte de vue. Vous protégez votre honneur et celui de nombreuses familles dignes de considération. Ce faisant vous avez mille fois raison. Mais pour ce qui est d’affirmer que le manuscrit vous appartient par droit de conquête…

NUNEZ, (brusquement.)

Il suffit ! N’allez pas plus loin, chapelain !… Soit ! Ceci n’appartient pas plus à Monsieur qu’à moi-même et n’appartient qu’à un seul… au mort !… Eh bien, que le mort le garde !… J’y consens.

DON JUAN.

Comment l’entendez-vous ?

NUNEZ.

Que ces feuillets soient remis à la place même où ils ont été trouvés ! Qu’ils soient enterrés avec celui qui les écrivit. Et que ce qui est au mort s’en aille à l’oubli !… Voilà ce que j’accorde ! Ai-je lieu de croire que vous serez satisfait ?… Vous ne répondez pas ?… J’aime à croire que vous