Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/224

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BIANCA.

Et tu pars tout de suite ?… Oui, tu préfères peut-être arriver avant la nuit ?

JESSIE.

J’ai tellement l’habitude des voyages, des déplacements ! J’ai traîné mon corps, depuis deux ans, comme un bagage, de départ en départ ! Depuis que j’ai quitté le nid, ma vie n’a-t-elle pas toujours été une fuite, un départ perpétuels ?… J’en ai pris l’habitude… Soigne la pauvre Gabrielle !

BIANCA.

Tu ne veux pas lui dire adieu ?

JESSIE.

Non. Tu lui expliqueras mon départ… Tiens, tu lui remettras ceci de ma part… (Elle ouvre son sac à main.) Sa perle de plastron… du plastron qu’il avait justement le soir du… (Brusquement, dans un déchirement de tout l’être.) Non !… non !… Je ne peux pas… ça me fait trop de peine de me séparer de ça… Tout ce qui est parcelle de lui vit et vivra dans mes doigts… sur ma peau !

BIANCA, (se levant.)

L’auto !

(Dehors, sous la neige qui tombe, dans le chien et loup du crépuscule d’hiver, l’auto noire glisse et s’arrête. Le chauffeur descend, on le voit qui allume à l’intérieur de l’auto. Jessie s’adresse au chauffeur en s’avançant vers le seuil.)
JESSIE.

Vous avez la valise ?