Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/235

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n’est pas fait d’hypothèses ingénieuses ou rares, mais d’évidence. Comme d’habitude, et selon la règle de mes ouvrages, les idées incorporées sont facultatives pour le spectateur — une faculté dont certains ont abusé ! On peut, à son gré, suivre ou ne pas suivre le symbole et s’en tenir à la lettre exprimée, à l’action imaginée. Ce qui prime, c’est une aventure d’amour comme il y en avait aussi dans l’Animateur, l’Amazone ou les Flambeaux. Quant aux idées, généreuses, si mesurées et toutes de constatation, qui se font jour à travers la pièce, je souhaite, sans oser l’espérer, qu’elles ne soient déformées par personne. L’antithèse entre le deuxième et le troisième acte est simplement à l’image de notre humanité actuelle et de la nature humaine en général. Je me rappelle l’exaspération que produisit, chez quelques-uns, certaine préface à un livre de M. Stoullig, écrite en 1917. Mais je me félicite de l’avoir écrite à ce moment-là et d’avoir perçu, dès cette époque, l’équilibre futur de l’après-guerre. Je termine en citant, de ces anticipations, ces quelques lignes, qui ne sont pas absolument étrangères au dénouement de ma pièce : « Dussé-je m’aliéner immédiatement quatre-vingts pour cent de vos lecteurs, je le déclare : à cette guerre… retenez-en l’augure, cher monsieur Stoullig… il n’y aura pas de dénouement.

« Ici, j’aperçois des têtes sévères et courroucées qui se dressent… « Quoi ? Vous ne croyez donc pas à la victoire, monsieur ? » Si, parbleu, comme tout le monde !… Mais un dénouement est chose arbitraire et conventionnelle. À la cessation des hostilités, à la pacification des belligérants ne succédera pas du tout le rétablissement des équilibres précédents, ni l’instauration — hélas ! qui en douterait ? — d’une nouvelle