Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/236

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Arcadie. Le remous gigantesque mettra probablement un temps incalculable à s’apaiser. Les armes déposées, les traités conclus, mais c’est uniquement le premier acte de la guerre qui viendra de se terminer ! Alors commencera la seconde phase de la haine, la seconde ascension de la Misère humaine. Combien de temps faudra-t-il à la convulsion terrestre pour que s’apaisent ses derniers spasmes ?… Dix, vingt, cinquante, cent ans ?… Et pourra-t-on même alors donner le nom de dénouement à des aboutissements moins définis que nous ne le supposons et ne l’espérons pour la joie de nos petits-fils ?


L’AMOUR SEUL EST VÉRITÉ

« Oh ! tout cela qui bruit là-bas à l’horizon des cieux, tout cela qui vagit dans le berceau des destinées, suscitera, à coup sûr, des réactions terribles, lentes ou rapides, confuses ou échelonnées, dont se composeront les derniers actes de la tragédie. Quel précipité chimique est à prévoir ! Ce que nous pouvons seulement prophétiser, sans possibilité d’erreur, c’est que vous viendrez, vagues, vagues profondes, lames de fond qui vous apprêtez en ce moment sous le tumulte des tempêtes ! Quand aurez-vous fini de vous entre-choquer, et de hurler, et de murmurer, avant que, sur la mer étale, ne se lèvent les grands soleils de la raison et de la pitié ?…

« L’Amour seul est vérité. Il faudra bien en arriver, un jour ou l’autre, fût-ce dans des siècles, et au prix de combien d’erreurs et d’atrocités encore, à cette constatation universelle !