Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/259

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GABRIEL.

Je ne suppose rien de mal. Je te sais un excellent cœur, mais…

JEANNE.

Ah ! tu vois…

GABRIEL.

Mais enfin, tout de même… la moindre imprudence de parole de ta part et le moindre soupçon de leur part à eux, ce serait terrible… terrible… En as-tu calculé la conséquence ?… Et je ne pourrais plus m’occuper de toi jamais.

JEANNE, (allant vers le berceau, et lui faisant signe de se taire.)

Prends donc garde ! À force de crier, tu vas réveiller le petit.

GABRIEL.

Je suppose que tu n’as pas à te plaindre de moi. Je fais ce que je peux.

JEANNE.

De toi ! Ah ! bon Dieu, non ! Tu fais même plus que tu ne peux, et ça m’ennuie tant que tu t’endettes pour moi ! C’est pour ça que je veux me remettre à travailler, et ferme. À ton âge, tu as été obligé d’emprunter beaucoup trop.

GABRIEL.

Mais non, ça ne compte pas !

JEANNE.

Je n’oublierai jamais que tu n’as même pas eu la pensée de me souffler un mauvais conseil, malgré les charges et les ennuis que j’allais te créer.