Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/285

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LEVASSEUR.

Ah ! vous êtes surveillante ?

JEANNE.

Oui, depuis deux mois ! ça fait que j’ai changé de domicile pour ne pas habiter trop loin du bureau.

LEVASSEUR.

Vous avez congé aujourd’hui ?

JEANNE.

J’ai plusieurs jours de congé.

LEVASSEUR, (changeant de conversation.)

Et… votre fils est toujours au 130e d’infanterie ? Vous avez de bonnes nouvelles de lui ?

JEANNE.

J’en ai eu d’excellentes jusqu’au 30 du mois dernier… À cette date, il avait échappé à tout… Il a été de Verdun… de Vimy… puis sur l’Aisne et au repli des Allemands, et…

LEVASSEUR, (gaiement.)

Tant mieux ! tant mieux !… que cela continue, mon Dieu ! Je devine, ma pauvre Jeanne, tout ce que cette absence et ce danger perpétuel doivent vous faire souffrir dans votre solitude !… Quel surcroît de tristesse, pour tout le monde, aura été cette guerre !… Bah !… elle ne saurait plus être longue maintenant… C’est une affaire de mois… Et votre fils retrouvera non seulement sa place au P.-L.-M., mais une situation très améliorée… qui lui sera fichtrement bien due !… car on va être d’une générosité, après la victoire,