Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/298

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Tu comprendras, ma chère amie, que je n’aie pas interrompu le récit d’une douleur qui vient de m’émouvoir moi-même presque aux larmes.

MADAME LEVASSEUR, (allant vers Jeanne.)

Oh ! alors, c’est moi qui m’excuse maintenant de vous avoir interrompus et de vous avoir blessée sans le vouloir ! Un fils !… Ah ! mon Dieu ! vous avez perdu votre fils à la guerre, Madame ! Je n’imagine pas de plus grande douleur !… Je vous prie de croire que si j’avais pu deviner qu’une mère était en train de pleurer ici, entre ces quatre murs, la perte de son enfant, j’aurais attendu pour dire à mon mari ce que j’avais à lui dire de pressé.

JEANNE.

Je vous remercie, Madame… D’ailleurs, j’ai fini, je n’ai plus rien à raconter à Monsieur Levasseur… Il a bien voulu m’écouter et me témoigner sa sympathie !

LEVASSEUR.

Alors, c’est formellement convenu. Comptez sur moi. Vous aurez la visite de la personne que je vous ai désignée et qui pourvoira à tout… Quand préférez-vous ?… Le soir ?

JEANNE.

Demain, si vous voulez bien.

LEVASSEUR.

Demain après-midi, vers trois heures ?… Entendu.

JEANNE, (s’efforçant de sourire.)

Je suis un peu étourdie encore… Mon manteau,