Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/48

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JESSIE.

Non, parce que c’est momentanément la plus belle. (Debout, elle se met en devoir d’astiquer ses ongles avec le plus grand soin.) Sérieusement, que signifie cette mascarade ?

LE DUC.

Je veux vous emporter dans une voiture digne de vous.

JESSIE.

Et vous avez pensé que je monterais dans cette machine-là ? Ni fleurs, ni couronnes !

LE DUC.

Excusez-moi. J’arrive de la bataille de fleurs, la première depuis tant d’années ! Vous êtes trop jeune pour deviner le plaisir que les hommes de ma génération peuvent éprouver à retrouver des fêtes de ce genre qui ont enchanté leur jeunesse !

JESSIE.

Et les fleurs sont à double fin ? Vous les utilisez à mon intention !… Oh ! ça ne vous ressemble pas. Vous qui avez toujours tant de tact !

LE DUC.

Mais je ne comptais partir d’ici que la nuit venue, croyez-le bien !

JESSIE.

Et m’emmener à Armenonville dans cet équipage ? Ah ! bien… c’est un lancement ! Mille regrets ! Je n’embrasse pas une profession. Je ne suis encore ni cotée ni réputée !

LE DUC.

Oh ! quelle idée ! Comme elle est loin de moi. J’éprouverais une trop grande peine de vous avoir blessée.