Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/49

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JESSIE.

N’exagérons pas… Blessée… tout de même, c’est un grand mot !

LE DUC, (désignant l’autre main.)

Donnez l’autre… la sœur pauvre.

JESSIE.

Cendrillon ? Elle est tout de même pas mal, vous savez !

LE DUC.

Il lui manque quelque chose…

JESSIE.

Un petit coup de polissoir. (Il sort un écrin de sa poche, il le lui donne, elle l’ouvre et met la bague à son doigt. Il passe alors dans ses yeux un éclair de joie enfantine et extasiée, de joie presque douloureuse. Elle se reprend assez vite et redevient courtoise, mondaine et coquette.) Oh ! mon ami, vous êtes trop gentil. Vous avez fait des folies. Elle est superbe, d’ailleurs ! (Elle ferme un peu les yeux comme pour savourer.) La première !

LE DUC.

Vous aurez des colliers et des sautoirs sensationnels !

JESSIE.

J’aime tellement les perles… tous les bijoux blancs ! Et ne pouvant en porter de beaux, d’abord parce que j’étais jeune fille, ensuite parce que je n’avais pas les moyens de me les procurer, j’ai préféré n’en avoir aucun… que ce petit bracelet.

LE DUC.

Il faudra l’enlever dès demain. Il n’est pas digne de vous.