Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/51

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JESSIE.

Dame ! il est encore temps de réfléchir… Réfléchissez… réfléchissez…

LE DUC.

Y aura-t il quelques belles années ?

JESSIE.

Quelques.

LE DUC.

Alors, ça suffit ! Courte et belle, et que les chagrins viennent après ! Je serai payé…

JESSIE.

Vous avez dû être un rude viveur, vous ?

LE DUC.

J’ai toujours aimé bien faire ce que j’avais à faire. Bon fusil ; vaguement sénateur, maire de Chantilly, j’ai un cheptel considérable dans les Pyrénées, j’ai été à la guerre… j’ai même écrit un livre de stratégie militaire… mais, comme le sage, je fais profession de n’avoir su jamais parfaitement qu’une chose… (Il se penche sur l’épaule de Jessie.) l’amour (Elle se dégage avec un geste enfantin.) Qu’est-ce qu’il y a ?

JESSIE.

L’écrin ? (Elle remet la bague dans l’écrin.) Vous me la redonnerez à un autre moment… pas ici… pas sur cette parole…

(Elle le lui tend par-dessus la table.)
LE DUC.

Ce qui veut dire ?

JESSIE.

Mon ami, vous avez vraiment trop l’air d’ajou-