Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/52

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ter une conquête à cent autres, une tête à votre cheptel.

LE DUC.

Qu’allez-vous chercher là, Jessie ? Vous êtes unique pour moi !

JESSIE.

Je ne crois pas que vous vous en rendiez compte, il vient d’y avoir dans votre manière avantageuse de vanter vos succès quelque chose qui me blesse profondément… Moi, je ne me vends pas, je me donne et… pour la première fois ! Je ne voudrais pas faire ce sacrifice à un amateur de femmes, mais à quelqu’un qui comprenne toute la valeur, la rareté de cette minute que j’ai si longtemps retardée… Ce que je vous apporte, je l’estime, moi, inestimable !

LE DUC.

Décidément, comme je suis mal compris jusque dans mes délicatesses, Jessie… J’attache un prix également inestimable à la possession de l’être que vous êtes… mais c’est par modestie que je tenais avant tout à vous dissimuler le moment du sacrifice !

JESSIE, (sursautant.)

Sacrifice !…

LE DUC.

Pardon. Le mot est de vous. Il y a, en tout cas, un sacrifice dont je ne veux pas, c’est celui de votre gaieté, de votre sourire. Voyez comme vous avez mal interprété mes timidités… galantes ! J’ai précisément eu peur de trop attirer votre attention sur moi aujourd’hui ; alors, j’avais préparé quelques distractions pour votre œil d’enfant amusée.