Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/75

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la richesse de la vie… le luxe des vitrines… le rare et l’inutile !

MAX.

Alors, tu ne devais pas me laisser entrevoir une espérance. C’est mal ce que tu as fait là !

JESSIE.

Au fond, je ne t’en ai donné qu’une… une seule, logique, celle-là… c’est que nous nous aimerions un jour.

MAX.

Eh bien ?

JESSIE.

Eh bien ! réjouis-toi, au contraire, de ce qui se passe. Je reconnais, va, qu’il y a quelque chose de triste, de bien mélancolique dans cette immolation que je vais faire, contrainte et forcée, de ma vie de jeune fille… mais qui de nous deux doit en souffrir le plus ?… Ce n’est pas toi, puisque tu n’as qu’à prendre ton mal en patience !… Mais oui… je te le dis… dans six mois peut-être, un an, tout au plus, tu recevras une lettre qui dira : « Demain, à cinq heures, je serai rue d’Assas, dans ta chambre… » Et tu seras heureux, n’est-ce pas, mon petit, et je serai tienne.

MAX.

Pour quelques heures !

JESSIE.

Ne préjuge donc pas… Laisse-toi vivre !

MAX.

Un an ! un an !… Tu viens de dire un an… Je ne pourrai pas aller jusque-là !

JESSIE.

Tu travailleras… tu mettras les bouchées dou-