Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/118

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propres hameçons. J’y compte en tout cas… Disparaissez et revenez dans un quart d’heure. J’ai besoin que vous soyez là, ou cas où j’aurais réussi du premier coup.

FÉLIX.

Comment le saurai-je, si je vous trouve ensemble ?

GENEVIÈVE.

C’est juste… Un signe.

FÉLIX.

Car tout cela est très bien, mais savez-vous si cet homme, au lieu de bondir comme vous le croyez, ne va pas trouver quelque parole lamentable et douce qui vous ira jusqu’au cœur ? Dès les premiers mots, vous balbutierez… et je suis bien bon de m’inquiéter ! Je vous défie de mettre votre projet à exécution.

GENEVIÈVE, de la porte qu’elle tient ouverte, se retournant, très fermement.

Oh ! je vous jure, Félix, je vais une dernière fois juger mon amour en toute indépendance, ça va être la dernière épreuve, eh bien, je vous jure que si je distingue là (Elle montre son cœur.), fût-ce à cause d’un seul cri, le moindre son qui ne soit pas celui de la pitié, — je reste.

FÉLIX.

Bien. Je vais mettre un cierge à votre paroisse. Et mon signe ?

GENEVIÈVE.

C’est juste… (Elle va à la cheminée.) Eh bien, tenez, cette photographie… la sienne. Après que j’aurai parlé, je la tiendrai en mains… Pendant qu’il répondra, je fermerai les yeux, comme ça, et je m’interrogerai. Si vous retrouvez la photographie, là, à sa place, sur la cheminée, c’est que quelque chose aura bougé en mon cœur… Au contraire, si, en entrant, vous voyez la photographie à terre… eh bien, mon cher… c’est que je l’aurai laissée tomber !

FÉLIX.

Ah ! folle Geneviève ! Je trouve tout cela bien compliqué pour ma simplicité à moi… mais je souffre de