Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/157

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place, mademoiselle, je réfléchirais avant de faire une chose irréparable dont vous pourrez vous repentir… Qui sait si son bonheur n’est pas en vous ?… Vous allez peut-être lui porter un coup très dur… Vous vous trompez en disant qu’il ne vous aime pas : je crois au contraire qu’il vous aime beaucoup… c’est vrai… J’ai été très malheureuse à cause de vous, autrefois. (Mouvement d’étonnement de Gysèle.) Oui, c’est à cause de vous que nous nous sommes séparés.

GYSÈLE, ébahie.

De moi ? C’est ma première nouvelle !

GENEVIÈVE.

Vous savez, ce jour où vous êtes venue à la maison quand je partais… eh bien, je lui avais dit : « Fais ton choix entre elle et moi… puisque tu l’aimes à ce point… » C’est à ce moment justement que vous êtes arrivée.

GYSÈLE.

Il m’a raconté la chose tout autrement.

GENEVIÈVE.

Eh bien, il vous a menti.

GYSÈLE.

Oh !

GENEVIÈVE.

Vous voyez, il vous l’a caché pour ne pas vous montrer justement à quel point il tenait à vous… à quel point il vous aime… et…

(Elle s’arrête troublée devant le regard de Gysèle, qui la fixe avec émotion depuis un instant.)
GYSÈLE.

Ah ! le gâcheur ! le gâcheur ! Il avait cette femme et il l’a quittée !

GENEVIÈVE.

Que voulez-vous dire ?

GYSÈLE.

Comme c’est difficile à comprendre !… Vous ne voulez plus reprendre votre mari, mais tout de même