Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/158

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vous ne voudriez pas qu’on lui fasse du mal, qu’on le fasse souffrir… et alors, pour m’inciter à rester, vous allez mentir, essayer de me redonner du courage à mon tour !… Ah ! ne vous froissez pas, madame, de ce que je vous aie devinée ! C’est une pensée si délicate !… Eh bien, non, on ne le fera pas souffrir, ne craignez rien… Si peu que je sois dans sa vie, rien ne sera fait qui puisse lui être néfaste. Je ne partirai pas encore… Je ne ferai rien de brutal… Je reste encore, madame… j’essaierai. Je vous le promets, parce que maintenant je sens très bien que je le dois.

(Elle s’est levée, très sérieuse et très respectueusement.)
GENEVIÈVE, après l’avoir regardée à son tour en silence.

Ah ! oui, le gâcheur ! Qu’il en aura été gâché pour lui ! et de jolies choses qui méritaient mieux… oui, ma foi, de jolies choses ! (Avec un soupir.) Maladroit !… (Elle se lève.) Tenez, le voici qui ouvre la porte du hall. Poussez-vous un peu à droite. Adieu, mademoiselle, nous ne nous reverrons plus… Je suis contente tout de même de vous avoir mieux connue… Dans toutes les âmes, il y a des hésitations, des timidités charmantes qui peuvent les rapprocher un moment… et des pudeurs qui les séparent pour toujours. Adieu, mademoiselle.

GYSÈLE.

Adieu, madame.

(Geneviève entre dans le tea room. Peu après paraît André par la porte du hall.)


Scène VII


ANDRÉ, GYSÈLE, puis NETCHE et un Garçon.

ANDRÉ.

Tiens, tu étais là… On te cherche partout… Bouyou t’avait perdue… Tu n’es pas restée au théâtre ?