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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/162

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ANDRÉ.

Est-elle seule ?

LE GARÇON.

Je ne sais pas… mais on peut regarder par la vitre.

(André se hausse à la porte du room, en se dissimulant.)
ANDRÉ, désignant quelqu’un par la vitre.

Vous voyez cette personne… pas celle qui vous a remis la carte, l’autre à côté… Voulez-vous aller lui dire que quelqu’un est là qui voudrait lui parler ? (Resté seul, il relit le mot écrit sur la carte. Il paraît très agité. Lisant.) « Vous êtes un imbécile ». Un imbécile !… Bien… nous allons voir ça tout de suite…

(Peu après, la porte du bar s’ouvre.)


Scène VIII


Les Mêmes, GENEVIÈVE.

GENEVIÈVE, sans surprise.

Vous !

ANDRÉ.

Oui, moi.

GENEVIÈVE.

Je croyais que nous étions convenus que les intermédiaires suffisaient. Si vous exigez de moi un entretien, écrivez, j’aviserai… mais en tout cas, pas ici…

ANDRÉ.

Écoute, il ne s’agit pas de se payer de phrases ni de plastronner… Simplifions… Ce que j’ai à te dire n’exige qu’une minute, le temps de relever le col de ce pardessus et de jeter mon cigare. Un soupçon, un soupçon atroce me tourmente. Il y a un mois, une circonstance imprévue l’a fait naître… Je passe. Ce soupçon est de telle nature, que je n’aurai pas une minute de repos avant que je n’aie éclairci la chose… Le hasard nous