Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/163

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met pour la première fois en présence, à portée de la main… j’en profite. Je veux une preuve absolue, qui m’éclaire. Je l’aurai.

GENEVIÈVE.

En vérité, je ne saisis pas un mot de tout ceci… je me demande si je rêve et je vous prie de cesser cet obscur entretien, qui est dérisoire.

ANDRÉ.

Inutile. Je crois, je suis sûr au fond que je me suis trompé et que ce n’est de ma part qu’un scrupule bête… Toutes les apparences sont contre toi, ou pour toi, comme tu voudras. J’ai guetté tout à l’heure… je sais que cet homme vous a rejoints ici… ceci devrait me suffire… ceci, et ce que je sais de votre vie à deux qui ne peut laisser aucun doute… l’instance en divorce, vos projets d’union, je suis au courant de tout. Eh bien, cela ne me suffit pourtant pas. Il me plaît, j’ai le droit de revenir sur un passé qui m’appartient encore… J’y reviens… Je veux, j’exige une preuve de ce que vous m’avez juré, de ce qui nous a séparés… de ta trahison, de ta liaison avec cet homme.

GENEVIÈVE.

Vous êtes fou, ridicule et odieux… Nous n’avons plus rien de commun… Je me retire… et plus jamais je ne vous autorise à me reconnaître.

ANDRÉ, s’interposant entre elle et la porte.

Pourquoi cette rebuffade ? Si cet homme est votre amant, c’est en souriant que vous devez m’écouter. Écrasez-moi donc de cette lumière dérisoire. Je me résigne d’avance à n’avoir été en pareille démarche qu’un mari ridicule et un peu sot… Je serai le premier à en rire. Il vous est facile, il doit vous être facile de m’éclairer définitivement d’un détail retrouvé, d’une lettre de Félix, d’une vieille dépêche…, d’une de ces mille broutilles de vie que l’on traîne après soi… que sais-je ? Notez que je n’exige aucune comparution,