Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/171

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GENEVIÈVE.

Moi ?… Je ne le retire pas… Vous vous trompez.

FÉLIX.

Geneviève ?

GENEVIÈVE.

Mon ami ?

FÉLIX, la fixant attentivement, tout à coup avec épouvante.

Regardez-moi… Ah ! elle ment ! Elle mentait, la misérable ! Je le savais bien !… Pourquoi venez-vous de commettre cette cruauté ? Que venez-vous de me faire avouer !

GENEVIÈVE.

Mais non, je ne mens pas… Quelle idée ! Je vous assure…

FÉLIX.

Allons donc ! mon désir vous dégoûte… On ne se méprend pas à cela !… J’ai senti le geste… Mais alors, qui vous poussait à ce jeu cruel ? À quel motif avez-vous obéi ? Il y en a un. Lequel ? Vous n’êtes pas si atroce !…

GENEVIÈVE.

Comment vous convaincre ! Ah ! prenez-moi donc, sans phrases, sans scrupules, puisque je vous dis que suis à vous… Que vous faut-il de plus ? On ne demande rien à une femme qui se donne, mon cher… rien, pas même la raison de ses larmes.

FÉLIX.

Vous ne pouvez pas retenir votre désespoir !

GENEVIÈVE, avec un tressaut, après avoir porté ses regards à gauche, vers le hall d’entrée.

Ne levez pas la tête, ne vous retournez pas… Il est là… il entre dans le hall… Je ne sais s’il nous a vus… oui, il nous a vus… Mon Dieu ! Félix… il vient…

FÉLIX.

Je vous vois trembler maintenant d’une autre émotion… J’aime mieux cela. Ça soulage…