Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si bien faits l’un pour l’autre !… Vos amis, eux, s’en trouvent un peu plus désorganisés. Et prenez garde, même, à la longue vous deviendrez facilement pas très… honnêtes… Un peu dangereux le jeu que vous jouez là, mes petits agneaux !… (À André.) Pardon, tu permets. (Il pousse légèrement André pour prendre son pardessus.) Tâchez donc d’être un peu plus simples, que diable ! Vous vous aimez, vous avez fort besoin l’un de l’autre, essayez de vous en accommoder… Et de ce pas je m’en vais aller voir la dernière scène de ta pièce au Casino, s’il en est encore temps. Tes œuvres te sont supérieures, mon vieux, c’est incontestable.

(Il a mis négligemment son pardessus.)
ANDRÉ, tristement.

Félix ! Félix !

(Il a un mouvement vers lui, la main tendue.)
FÉLIX, sèchement.

Non. (À Geneviève, prostrée, muette.) — Allons, Geneviève… Les plus belles idées, voyez-vous, peuvent dégénérer en fumisteries d’un goût détestable… C’est votre avis, j’en suis sûr… Mettez y le terme qu’il convient. Et toi, tu seras bien aimable de me laisser prendre le chapeau qui est derrière toi, là… Pardon.

(Un garçon entre du fond, suivi d’une petite bouquetière avec des paniers.)
LE GARÇON, à Félix.

Monsieur, c’est la corbeille de fleurs que vous avez commandée pour la chambre 26… Voilà la bouquetière… Elle demande s’il faut les monter tout de suite.

FÉLIX, vivement.

Mais non, mon enfant, vous faites erreur. Il n’a pas été question de la chambre 26. J’ai dit au théâtre dans la loge de mademoiselle Bouyou…

LA BOUQUETIÈRE.

Mais non, monsieur, je vous assure, vous avez dit : « Chez la dame qui est au 26 de l’hôtel. »