Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/202

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bien mon travail… je crois… il me semble… Tu veux un cigare ?

PIERRE, visiblement moins maître de lui.

Le calumet de la paix ?

GEORGES.

Ne raille pas vieux. Oui, j’ai un penchant au bonheur, un irrésistible penchant à la paix. Tout petit, je me souviens que je te cédais déjà aux billes, au collège, quand tu trichais, ce qui t’arrivait souvent dans la fièvre des jeux illusoires, pour avoir la paix. Ça dure encore. Et ne hausse pas les épaules. Je ne suis pas un homme plus médiocre qu’un autre.

(Ce disant, il a un peu brutalement appuyé la main sur l’épaule de Pierre.)
PIERRE, énervé.

Possible ! c’est toi qui railles, eh bien, écoute…

ISABELLE, interrompant avec vivacité.

Quoi ? (Elle le regarde fixement.) Je vous défie, Pierre, de ne pas rire.

PIERRE, après un court silence, haussant les épaules.

Vous avez raison. (La voix changée.) Tiens, veux-tu me faire chercher mon vestiaire et une voiture, c’est plus important.

GEORGES.

Comment donc !

(Il sort.)


Scène VIII


PIERRE, ISABELLE.

PIERRE.

J’ai failli devenir tout à fait ridicule. Merci de m’avoir arrêté à temps. Ah ! décidément, oui… pas dans le train !