Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/343

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jamais, n’est-ce pas ?… ou je te tire les oreilles !… Et il faut que tu saches ceci, c’est cela que je voulais te dire et qu’il faut que ta sœur entende : du fond du cœur, je te plains, et je te prie de me pardonner le mal que je te cause involontairement… Ne te demande jamais de quel nom se nomme le sentiment que j’éprouverai, là-bas, pour toi… et qu’importent les noms !… Il n’a de nom dans aucun langage humain, Jeannine ! Et je te remercie de ton amour, mon petit !… Et, pour cela, ce baiser que tu me demandais tout à l’heure, Isabelle va permettre que je te le donne maintenant, du fond de mon cœur. N’est-ce pas, Isabelle, que tu permets que je l’embrasse ?

ISABELLE, faiblement, sans conviction.

Oui.

GEORGES embrasse Jeannine au front.

Allons, Jeannine !… j’attends de toi mieux qu’un serment. Dis que tu es décidée à partir courageusement !… (Jeannine ne répond rien.) Eh bien, tu hésites ?… Tu ne veux pas répondre ? (Jeannine va tomber en sanglotant sur le canapé.) Bien !… à ta guise !… Prenez-le comme vous voudrez, je vous avertis seulement, toutes deux, que ma résolution est inébranlable ! Je n’admettrai aucun empêchement… vous m’entendez, aucun !… À part quoi, à votre aise, mes enfants !… Protestez, si bon vous semble ! Moi, j’ai dit… N’espérez pas une minute que j’entre dans la discussion de ma volonté ?…

(Il sort.)


Scène X


ISABELLE, JEANNINE, PIERRE.

ISABELLE, effondrée.

Ah ! je ne sais plus, moi… Pierre !