Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/344

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PIERRE, souriant.

Oui, je crois que vous ne savez plus grand’chose, ni les uns, ni les autres !

ISABELLE.

Que va-t-elle devenir ?… Regardez-la… tenez… (Elle va vers Jeannine.) Jeannine…

PIERRE, la retenant, bas à Isabelle.

Vous n’êtes pas, pour l’instant, en état de lui dire quoi que ce soit d’utile. Laissez-la pleurer un instant !… Allez rejoindre votre mari et apaiser sa juste colère… croyez-moi… Deux paroles d’un ami et d’un étranger feront plus que tout le reste !… Elle se confiera plus facilement à moi… Je vous rappellerai dans un moment. Ne vous éloignez pas.

ISABELLE.

Ne soyez pas trop sévère !

PIERRE, souriant.

Je serai extrêmement sévère !



Scène XI


PIERRE, JEANNINE.

PIERRE, seul avec Jeannine.

Très beau, tout ce qu’il vient de dire là !… Seulement, pratiquement, ça ne s’arrange pas avec cette facilité !… Votre beau-frère a toujours été un théoricien… oh ! incomparable !… Il a dit des choses excellentes, et lui, il lui suffit d’avoir raison pour être heureux !… Vous séparer ! vous séparer, tous les trois !… c’est bel à dire ! Mais ce jugement de Salomon ne change rien ! Avec toutes ces belles paroles, ils n’empêcheront, ni l’un ni l’autre, que vous ne restiez la victime, et voilà ce qu’avec votre instinct admirable