Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/302

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parce que tous les cœurs ont déjà beaucoup de peine à être les cœurs qu’ils sont !

(Elle éclate en sanglots.)
RICHARD.

Tu n’avais pas à t’excuser… Rien n’entache mon respect pour toi. Tout cela doit me rester absolument étranger. Ma mère, c’est ma mère. Ce qu’elle a fait, ce qui s’est passé, échappe complètement à mon jugement et ne me regarde pas ; c’est lettre morte, un voile baissé (Avec véhémence.) Mais ce qui me regarde, par exemple, c’est l’affront fait à mon père !

IRÈNE.

Que veux-tu dire par là ?…

RICHARD.

L’offense qu’il ignore et qui insulte venant d’où elle part, toute la famille et l’amitié trahies, voilà ce qui me concerne ! Mon père est forcé de sourire tous les jours à qui lui a pris l’honneur de son foyer… Je suis là, moi, pour le représenter.

IRÈNE.

Ah ça, mais !… Richard, tu ne m’as pas comprise ? J’excuse ta première impulsion, dans l’emportement bien naturel de la jeunesse… La seconde sera toute de raison, de pitié, j’en suis sûre.

RICHARD, (avec emportement.)

Tu n’as pas imaginé, j’espère, maman, que je toucherai seulement une minute de plus la main