Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/307

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(Elle est presque à genoux, les yeux cramponnés, le geste errant. Tout à coup, elle se relève d’un bond.) Ah ! malheureux ! malheureux ! je vois dans tes yeux la résolution implacable… Tu verras, tu aimeras un jour… que dis-je ? tu aimes !… Un jour, à ton tour, tu subiras la force de ton cœur… tu souffriras… Puisses-tu rappeler alors… et qu’il ne soit pas trop tard !

RICHARD.

Mère…

IRÈNE.

Richard, écoute… Ne fais rien. (Elle halète.) C’est le grand amour de ma vie.

RICHARD.

Mais…

IRÈNE, (avec passion.)

Ne cherche pas à comprendre ce que tu ne peux pas comprendre, comment une femme se sent assez affolée, acculée à assez d’effroi pour laisser échapper un cri pareil devant son fils… comment il se fait qu’un enfant — un insignifiant camarade pour toi — soit pour moi la source vive de ma vie, tout le tressaillement de ma poitrine ; mais crois-le !… Bouche-toi les yeux, sans comprendre ; sauve-toi de cette flamme… et laisse-moi !

RICHARD.

Voilà père.

(M. de Rysbergue entre par la porte du jardin.)