Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/359

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GEORGET.

Aussi l’hiver prochain nous irons…

IRÈNE, (l’interrompant.)

Oui, oui, l’hiver prochain nous irons où tu voudras… Dors, ma Gette, dors… Il y a une toute petite brise et des étoiles… Encore une de nos belles journées monotones qui est finie !… Dors. Tu es bien là… un aboiement de chien… une chanson, dans un café d’Alger, arrive jusqu’ici… Sur la mer, là-bas, la lueur d’un paquebot qui s’en retourne…

GEORGET, (les yeux fermés, la voix déjà lointaine.)

J’ai déjà fait cette remarque. Tu dis toujours de tous les bateaux : « Ils s’en retournent »… Pourquoi ?… il y en a qui partent, aussi bien…

IRÈNE.

C’est vrai, c’est absurde !… Chut !… Laisse mes lèvres sur ton front… ne parlons plus… Laisse mes lèvres…

(Ils restent ainsi un grand moment, lui, étendu sur le divan, elle à ses côtés, et la bouche collée à son front. Peu à peu on entend sa respiration plus forte. Il s’est endormi… Tout à coup, au loin, un chant de violon.)

Tiens ! le violon… C’est pour lui qu’elle joue sûrement… et il ne l’entend pas… il s’est endor-