Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/390

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toi, pour tout le monde, qu’elle soit revenue et assagie, et que cette histoire finisse de la sorte ; je suis là pour subvenir, tacitement, à tous ses besoins. J’aurai le savoir-vivre nécessaire… mais ce sera tout. Crois-moi, je suis très… très content, oui, de ce que tu m’apprends… Mais le reste… vaut mieux pas… je sais ce que je dis.

RICHARD.

Cependant, toi, lui pardonnerais-tu ? Reviendrais-tu sur ce que tu lui disais en la chassant ?

RYSBERGUE.

On ne tient jamais ses engagements.

RICHARD.

Bien. C’est l’essentiel.

RYSBERGUE.

Non. Vois-tu, ce jour où j’ai crié : « Va-t’en ! » le poing levé, te souviens-tu ? Ah ! j’en ai eu alors la sensation soudaine, ce n’est pas moi qui la chassais, c’était elle qui se détachait… c’était la vie qui l’emportait… Oui, j’avais beau crier, je ne réussissais même pas à l’impressionner… Les mots tournaient machinalement dans ma bouche… Cette sensation m’est restée toujours très nette… Que parles-tu de pardon, alors que, si je le lui offrais, c’est elle qui ne l’accepterait pas !

RICHARD.

Ah ! c’est que tu te l’imagines comme autrefois… Elle a bien changé en deux ans… Il ne