Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/48

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KATUCHA.

Non, Dimitri. Je connais l’usage… Le père embrasse sur les lèvres et l’étranger sur le front.

NEKLUDOFF.

Que Catherine donne donc le front à l’étranger.

KATUCHA.

Le voici.

(Elle tend doucement le front. Nedlukoff va l'embrasser.)
NEKLUDOFF.

Mais Catherine est si petite qu’il n’y a pas de place pour un baiser sur son front, et en croyant embrasser le front ce sont les lèvres qu’on embrasse.

KATUCHA.

Dimitri, c’est que j’ai relevé le front… (Elle rejette sa tête en arrière. Ils s’embrassent longuement sur la bouche. On entend les chants des paysans qui s’en vont au loin en chantant des mélopées.) Ah ! que faisons-nous, mon Dieu ! J’ai peur, Dimitri Ivanowitch !… Par grâce, mon chéri, laissez-moi !

NEKLUDOFF.

Oh ! que je t’aime, Katucha ! que je t’aime !

KATUCHA, pleurant.

Et demain vous serez parti, et je ne vous rever-