Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/137

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MADAME CLOZIÈRES.

Vous êtes sérieusement pincé, cette fois… Un demi-pouce de lame dans la chair.

LECHÂTELIER.

Vous rêvez, ma bonne amie.

MADAME CLOZIÈRES.

Jamais le jour. Parole, je ne vous ai pas encore vu ainsi… Pour la première fois de votre vie, peut-être, vous faites figure de collégien affolé.

LECHÂTELIER.

Et à quoi voyez-vous cela ?

MADAME CLOZIÈRES.

À tout… Il y a des souvenirs qui ne trompent pas.

LECHÂTELIER.

Vous venez de dire pourtant que, pour la première fois, je faisais figure d’amoureux… C’est avouer que vos souvenirs ne vous fournissent pas de point de comparaison…

MADAME CLOZIÈRES.

Ingrat… et cruel ami !

LECHÂTELIER.

Quel souvenir venez-vous d’évoquer, aussi, ma chère, et qui diable vous y pousse ?… Personne n’a jamais su ni ma femme, ni aucun être au monde, cette anecdote de quelques jours qui a travesti nos relations… Pourquoi y faites-vous allusion ?… Qu’est-ce qui vous prend, ce soir ?