Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/265

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caresse. Elle vint !… Un jour où Rosine fut durement lâchée, il y a six mois, par son seigneur et maître qui convola en justes noces, je fus, ce jour-là, étourdissant de verve ! Nous allâmes à l’Olympia, d’où je me fis expulser scandaleusement de la salle. On se donna à moi, parce que j’étais, paraît-il… « le seul bon bougre de la terre !… »

BOUDIER.

Oui ! Il y a des femmes qui s’accordent par bonté comme la meilleure récompense qu’elles puissent donner…

POLICHE.

Tais-toi ! C’est horrible ce que tu dis… horrible de vérité… Eh bien, j’eus cette récompense-là, mon cher. La joie, le bonheur enfin, que j’en ressentis, la possession rêvée de ses lèvres, de tout son petit corps d’amour et de soie… ce bonheur-là, je n’en soufflai mot, tu penses ! Je me gardai même d’en paraître autrement ému et d’y attacher une importance plus grande que celle que l’on accorde à une excellente manière de terminer sa journée… Rosine est absolument persuadée qu’un gaillard comme moi ne s’épate pas et connaît la juste valeur des femmes et de l’amour…

BOUDIER.

Et de cela même, n’est-ce pas, d’être taxée au fond à sa juste valeur par un gaillard qui ne s’épate pas, je suis sûr qu’elle en conçoit une sorte d’admiration cordiale.

POLICHE.

Et fraternelle, tu l’as dit ! Imagine si j’ai laissé