Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/86

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je n’aie eu l’idée d’appeler Morillot. Mais je me suis surpris aussi à penser : « Tiens, si j’allais voir la petite amie de ma femme ? » Je n’étais pas exempt d’une certaine curiosité… comment dirais-je ?… sentimentale… Vous comprenez ?… Vous ne m’en voulez pas ?…

GRÂCE.

Pourquoi vous en vouloir ?… grand Dieu !…

LECHÂTELIER, (lui tapotant les mains.)

À la bonne heure ! Il ne faut pas qu’une petite nature comme la vôtre ait à sentir une déchéance. (Se reprenant sur un mouvement de Grâce.)… déchéance toute matérielle, veux-je dire… vous ne vous méprenez pas sur le sens de mes paroles ?… Or, cette déchéance, vous pourriez y remédier sans peine, à l’aide d’une amitié clairvoyante… tendre…

GRÂCE.

D’un protecteur ?

LECHÂTELIER, (encouragé.)

C’est cela même…

GRÂCE.

Vous, par exemple ?…

LECHÂTELIER, (souriant.)

C’est un exemple.

GRÂCE.

Qui subviendrait peut-être à mes besoins sans rien changer à ma vie avec Monsieur Morillot ?… C’est cela que vous voulez dire ? Je ne me trompe pas ?…