Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/87

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LECHÂTELIER, (embarrassé devant la précision de Grâce.)

J’aurais mis plus de formes à développer cette idée (Souriant encore.), mais le fond me paraît exact. Vous ne vous froissez pas au moins de mes paroles ?

GRÂCE.

Je ne me sens nullement froissée…

LECHÂTELIER.

À la bonne heure !… Je serais désolé

GRÂCE, (en souriant à son tour.)

Non… Je suis seulement vexée…

LECHÂTELIER.

Vexée ?…

GRÂCE.

Oui… vexée… je l’avoue… J’imaginais que la beauté de mon acte, en tout cas sa parfaite honnêteté, ne faisait pas question… Je pensais que ça se voyait sur la figure !… Votre interprétation vient me navrer… Et vous me proposez cela si franchement encore, sans l’ombre de préliminaires, à la bonne franquette… il faut bien croire que la méprise est toute naturelle !… Voyons, voyons, monsieur, tout de même, il y a un peu de votre faute aussi !… Comment avez-vous pu supposer sérieusement qu’une jeune fille de mon monde quittait sa famille, sa fortune, ses espérances, en échange de la misère et des épreuves de la vie, pour aller se vendre à Paris et récupérer de cette manière l’argent qu’elle abandonnait d’autre part… Drôle de calcul !… C’est tellement absurde, telle-