Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/93

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LECHÂTELIER, (après avoir réfléchi une seconde.)

C’est aussi une femme très supérieure et très bonne que celle-là. Elle m’a, je crois, plus témoigné sa bonté que son chagrin.

GRÂCE.

Pour une fois, cher monsieur, elle n’aura pas eu ce mal. Me le pardonnerez-vous ?…

LECHÂTELIER.

Mademoiselle, les meilleurs généraux ont essuyé pas mal de défaites… Il faut les supporter vaillamment quand elles se présentent… C’est une affaire d’entraînement. Je me souviens que, tout petit garçon, à l’âge des premiers désirs, je faisais déjà des propositions aux statues de femmes du jardin des Tuileries… pour m’habituer aux refus. Chaque âge a ses déplaisirs.

GRÂCE, (lui tendant son chapeau qu’il avait posé sur la table.)

Eh bien, allez faire un tour aux Tuileries maintenant… c’est sur votre chemin.

LECHÂTELIER.

J’y vais de ce pas… Je me retire, mademoiselle, sur une impression bien étrange, mais très jolie. Vous auriez pu me mettre à la porte, tout bonnement, pour mon insolence, et je l’aurais mérité. Vous ne l’avez pas fait.

GRÂCE, (vivement.)

Je me suis rappelé d’abord ce que nous vous