Aller au contenu

Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devions, monsieur… cette dernière gratification, qui est encore une obligeance de votre part.

LECHÂTELIER.

Quelle gratification ?

GRÂCE.

Mais les deux cents francs remis hier à Claude.

LECHÂTELIER.

Vous faites erreur.

GRÂCE.

Par votre caissier.

LECHÂTELIER.

Ah !… j’ai remis, moi ?… C’est possible… mais j’ignorais, vous voyez… Ne me remerciez donc pas, et n’augmentez pas un mérite bien incertain… (Changeant de ton.) Hé ! mais, cette gaffe aura eu du moins pour moi quelque chose d’heureux, mademoiselle, elle m’aura procuré l’occasion de connaître une âme d’élite, que je n’aurais peut-être jamais soupçonnée sans cela… Vous m’avez reçu comme reçoit une reine, vous avez mis une grâce, une coquetterie involontaire, mais souveraine, à me faire apprécier l’étendue de mes torts. C’est charmant… Je suis entré ici avec du mauvais septicisme et de la gouaillerie stupide à la bouche ; j’en ressors, mademoiselle, avec le plus grand respect et l’estime la plus haute de vous… Je vous prie d’y compter dorénavant pour toujours.

GRÂCE, (simplement.)

Je vous remercie, monsieur.