Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/113

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venue avec un peu de raillerie au coin de votre lèvre, ma reine. Ce qui gâte tout.

LA PRINCESSE.

Non, mon Boby… Pourquoi ?… Je n’attendais pas une réception ultra-select, je voulais voir ta femme et toi en maître de maison. (Elle rit.) Seulement, je me suis faite très belle en plus, par-dessus le marché. J’ai mis deux heures à m’habiller… Détaille-moi. Ça me fera plaisir, puisque c’est pour toi.

BERNIER.

Je le voudrais avec les mains et avec les lèvres.

LA PRINCESSE.

Ce sera pour un autre soir, alors ?… Je suis belle, Boby ?… Tu vois cette petite machine ? (Elle montre un bijou à la naissance de la gorge.) C’est ancien… N’est-ce pas que c’est idéal. ?… C’est un amour !…

BERNIER.

J’aime quand tu dis amour ; tu y mets trois h.

LA PRINCESSE.

On n’en mettrait jamais trop sur ce mot-là ! Et puis, c’est un vieil h allemand qui me reste dans la gorge… Il compte triple… Viens l’étouffer. (Elle lui tend les lèvres. Il l’embrasse ardemment.) Ah ! je te sens bien à moi, ce soir… Avant-hier aussi, quand je suis sortie d’ici, j’ai senti que je t’emportais toute l’âme… (Elle fait le geste explicatif.) Les femmes sentent très bien ça. Tu es venu du reste la reprendre le lendemain. (Elle donne une chiquenaude sur le plastron de Pierre, avec une expres-