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PRÉFACE

Le titre doit en être pris dans un sens exact et dans le sens métaphorique le plus large, puisqu’il s’agit en l’espèce d’un être qui fut nu sur la table à modèles des peintres comme dans la vie. C’est le nu grave et sacré. Ce titre est même triplement métaphorique, car il faut encore ajouter, à l’inconsciente héroïne, qui traverse ma pièce, cette nudité primitive et originelle d’une âme riche seulement de son instinct, sans autre parure que cette mystérieuse et précaire beauté.

À côté d’elle, vous verrez « les Vêtus », si l’on peut ainsi parler, les êtres enrichis, non seulement de la force sociale, mais de toutes les cristallisations séculaires de l’esprit, de toutes les ressources assouplies de la conscience avec, dans leurs mains, les armes habituelles qui leur sont propres, parmi lesquelles le mariage peut être considéré comme la plus forte.

J’ai placé le débat dans le seul milieu social où il devait logiquement se produire, le seul aussi où pouvait se réaliser la triple métaphore, c’est-à-dire chez les artistes. À eux seuls, en effet,