que ta pauvre bouche sourie, pour le reste de tes jours… Je m’y emploierai de toutes mes forces… Est-ce assez ?… Est-ce là ce que tu appelles de l’amour ? Non ? Mais qu’est-ce que cela fait ! Ne peut-on vivre sans cette sorte d’amour que tu réclames ?… Des milliers de gens n’unissent-ils pas leur vie dans ces conditions, et ne s’en satisfont-ils pas jusqu’au dernier soupir ?… Et encore, nous l’avons en nous, cet amour-là !… Il ne meurt pas, à proprement parler, il se transforme… comme nos visages… en vieillissant… L’amour porte, comme nous, des visages de vingt ou de quarante ans… Nous sommes résignés à notre propre destruction, pas à celle de nos sentiments. Pourquoi ?… Du moment qu’on ne peut pas mieux ! Ah ! je voudrais bien t’aimer de la même façon qu’autrefois, Loulou, comme tu m’aimes encore, toi, mais si je ne peux pas !… si je ne peux pas, pourtant ! Il faut bien se résigner !… Si la volonté suffisait à faire renaître le passé, je jure que tu serais la plus heureuse des femmes, car tu ne sais pas à quel point tu disais juste tout à l’heure : « Je sens que tu souffres de ne plus m’aimer. Pierrot !… » Ah ! tu ne sauras jamais combien !… C’est une chose affreuse que de voir mourir en soi son amour d’autrefois… Il semble un enfant auquel on voudrait porter secours, à qui l’on dirait : « Mon petit… » et qui disparaîtrait dans vos bras, plus on serrerait !… (Il a comme un haut le-corps de rage et de détresse.) Ce n’est pas de ma faute, pourtant !…
Je comprends, tu fais tous tes efforts, tu luttes !…