Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/138

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etc… ! Merci bien !… je suis de ton avis ; pas de ces écœurements-là, pas de ces oraisons funèbres qui doivent être plus vaines que la mort !… Non, des mots précis. (Elle se rassied.) Eh bien, je suis venue avec ces gens pour te poser, moi, une seule et unique question ; sois tranquille, pas plus, un oui ou un non !… Oh ! je prévois d’ailleurs quelle sera la réponse, mais c’était nécessaire qu’elle me vînt de toi, que je l’entendisse une fois de ta bouche… Je te jure, lorsque tu m’auras répondu, ce sera tout… je m’en irai très simplement, comme je suis venue… Voilà.

ARMAURY.

Parle donc.

FANNY, (hésitant tout à coup, hachant les mots.)

C’est difficile à te demander… Enfin, à mots couverts, tu comprendras ce que je veux dire… Voyons… As-tu l’impression… que c’est pour la vie ?… Comprends… Crois-tu que ce soit une de ces passions définitives qui tiennent toute l’existence… enfin ?…

(Elle ne continue pas. Les mots expirent. Elle attend, le visage tendu anxieusement vers lui. Long silence — Armaury est assis à une table, la tête cachée par une main. De l’autre, il caresse machinalement le bois de la table.)
ARMAURY.

Ce que tu demandes là est sans réponse ! Comment veux-tu ? La vie, c’est bien long… (Il parle péniblement, lentement, très bas.) De plus, si je suis évidemment dans l’état d’esprit d’un homme assez emporté pour sacrifier jusqu’à ses affections les plus chères, et…

FANNY, (très vite en fermant les yeux.)

Bon… compris… compris… Ne va pas plus loin… Pour que l’homme que tu es réponde