Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/178

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lons-nous-en pour toujours ! Devant leur amour, devant cette chambre d’amour, je n’ordonne pas, moi, je supplie, entendez-vous, je supplie… Que faut-il de plus pour que vous compreniez ?… pour que vous ayez pitié d’eux, de moi aussi, car je ne veux pas que vous fassiez du mal à celui que j’ai aimé en vain !… Et si ce n’est pas assez de supplier, voulez-vous que je me mette à genoux devant vous ?… Je le ferai !… Je le ferai !…

ARMAURY, (se précipitant pour l’empêcher.)

Pas ça, Fanny !…

DIANE, (poussant un espèce de cri sauvage.)

Ah ! je vous jalouse, Madame, je vous jalouse d’être aussi belle !… C’est cette femme-là, Marcel, c’est cette femme-là que tu n’aurais pas dû quitter. Elle est sublime… Elle a le courage que je n’ai pas, celui du renoncement… J’ai honte d’être aussi lâche à côté d’elle… C’est avec celle-là que tu aurais dû vivre. Elle aime !… Elle aime, plus que moi… Oh ! Madame, comme je vous ai fait souffrir !… mais pour en arriver à une pareille abnégation, ah ! vous devez éprouver une bien belle ivresse !… Je vous l’envie !…

GASTON, (profitant de ce moment pour lui prendre la main.)

Eh bien, prends exemple… Élève-toi jusque-là. Allons, je vois, je sens que tu vas commencer à t’éclairer et à devenir raisonnable…

DIANE.

Peut-être, Gaston…

GASTON.

Alors, viens. Tu vois bien que tu le dois, tu le reconnais toi-même.