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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/208

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LUI.


extraordinaire !…Ah ! autre chose ! Tout… tout
mais pas cela !…

ELLE.


mais pas cela !…Eh bien ! calmez-vous… j’ai eu tort…
Là, c’est fini… allons, tenez…

(Elle cherche autour d’elle un prétexte. Elle va à la table.)


Là, c’est fini… allons, tenez…Et puis, au fait,
voici l’album, vous savez bien, le livre d’or
où vous avez promis de m’écrire un sonnet
tout à la fin… Prenez… Parcourez les feuillets…

(Elle le fait asseoir.)


Vous verrez… Que de choses bêtes, mornes, laides
on a laissées sur lui ! Il attend votre main
pour effacer d’un simple mot ce qui précède…
Ça, c’est la page blanche. Ici, tout à la fin…

(Elle lui tend une plume et puis, délicatement , elle se glisse à ses côtés.)


Seulement laissez-moi, pendant ce temps-là, dites ?
me faire à vos côtés, petite, oh ! si petite…
toute petite !… Et puis les bras contre l’épaule…
Là, maintenant, lisez… N’est-ce pas que c’est drôle ?

L’OMBRE, (au loin, pendant qu’ils lisent tous les deux.)


Pourquoi voulais-tu donc me chasser, amant triste ?
Doux amant, pauvre amant ! Me voici, je t’assiste.
Et prends garde… Je suis là pour te surveiller…
Le souvenir c’est si jaloux et si fidèle
aussi… tellement plus que la réalité !…
Tu sens combien je t’aime, n’est-ce pas ? Oh ! plus qu’elle !
Je suis seule à t’aimer au monde à ce point-là.
C’est que, vois-tu bien, mon chéri, je n’ai que toi
et tu n’as plus que moi, maintenant… Et tu veux
m’échapper, n’être plus seulement nous deux ?…
Non, non, je suis partout tendrement obsédante.
Je suis là de toute ma puissance d’absente…