Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/27

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d’avoir osé flétrir cette jeune fille du monde sans souci de l’effroyable avenir dont il la gratifiait !… Estimons-nous encore heureux si ce Monsieur ne nous laisse pas un bâtard sur les bras !

L’ABBÉ.

Monsieur le duc !

LE DUC.

Évidemment… Qu’en savons-nous ? Dans son monde à lui, cela ne tire pas à conséquence… une jeune fille avec tare est probablement d’un négoce facile… je ne sais pas, moi ! Tandis que, chez nous, à une époque où justement nous autres, aristocrates, n’avons plus que le savoir-vivre à opposer au savoir-faire, le mal n’est pas le même !… Chez nous, la jeune fille qui tombe, comment la relever dans cet ordre de choses où la faute lui est comptée si durement et où la perte de sa vertu atteint jusqu’à sa famille ! Que va-t-elle devenir, maintenant ? Comment la marier ?… Ça va être du joli ! Une future catin !

L’ABBÉ.

Que non ! il ne faut pas s’exagérer les conséquences.

LE DUC.

Ou alors à quel célibat orgueilleux, à quel sale marchandage est-elle destinée… ma Dianette ! Ah ! l’avais-je assez prédit à ma femme !… Voilà bien la punition de frayer avec n’importe qui… Lui, il s’en moque, parbleu !… Un détournement de mineure, il connaît ça ! C’est son affaire ; il en a plaidé plusieurs fois et probablement avec succès… il requerrait son propre acquittement et il l’obtiendrait !… Avec applaudissements encore !