Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/39

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L’ABBÉ.

Comment voulez vous que je ne le devine pas ? Je prends ma part de tout ce qui arrive dans votre famille, ma part de bonheur et ma part de chagrin. (Le duc fait un signe d’intelligence à l’abbé qui comprend et reprend sa voix énergique.) Et surtout qu’elle ne vous sente pas faiblir !

LE DUC.

C’est cela surtout.

LA DUCHESSE.

Je ne demande pas mieux… mais qu’appelez-vous ne pas faiblir ?

L’ABBÉ.

Atteignez-la de suite dans toutes ses petites manies, atteignez-la principalement dans sa coquetterie… et dans cet amour d’elle-même qui a été sa caractéristique et qui est peut-être la cause de tout. Faites comme je l’ai vu faire au couvent ; il n’y a pas de punition plus efficace… Certes, elle sera humiliée, agacée de se voir ravalée au rang de petite fille insubordonnée, mais ce n’en sera que mieux.

LA DUCHESSE.

Quoi ?

L’ABBÉ.

Eh bien, supprimez l’arsenal de sa coquetterie… tout ce qui a été sa perdition, tout ce luxe disproportionné de femme. Plus de belles robes, plus de parures, plus de ces colifichets, plus de bijoux ! Tout cela, confisqué ! Que la manucure soit remplacée par une petite prière du matin… et surtout, tenez, un moyen, qui va vous coûter, mais qui est d’abord un beau geste symbolique. Ce sera pour