Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/70

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nette, alors, se lève avec un petit cri sauvage et naïf d’épouvante. Rassemblant tous ses cheveux dans sa main :) Mais, je ne veux pas, mais c’est absurde ! Non, non, je ne veux pas qu’on me coupe les cheveux, non, je n’irai pas au couvent, je n’irai pas au couvent !

LA DUCHESSE.

Nous verrons.

DIANE.

Qu’on fasse de moi tout ce qu’on voudra, mais je veux rester à Paris… je veux res…

(Elle a les yeux pétillants de rage et des larmes s’écrasent dans sa voix aiguë. La porte s’ouvre. Le duc se précipite.)


Scène X


Les Mêmes, LE DUC

LE DUC.

Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que j’entends ? Tu te révoltes ! Ah ! tu n’iras pas au couvent… Ah ! tu te rebelles contre nous… Te voilà dans toute ta franchise et dans toute ta beauté… Eh bien, moi, je te jure que tu iras, entends-tu ? Et je te jure que tu vas nous demander pardon… Je sais qui tu voulais revoir, hein ? Tu n’es qu’une fille perdue, tu seras la honte de notre nom… tu n’es plus qu’une petite saleté !… À genoux !… à genoux !

(Il la saisit brutalement et la jette à terre.)
LA DUCHESSE, (épouvantée, suppliante.)

Amédée ! Je vous en prie ! Je vous en supplie !…

(Le duc se ressaisit, comme effrayé de son acte. Il se maîtrise. Ses jambes raidies de sportsman se détendent. Il retrouve son élégante dignité, le geste se fait paternel. Il parle maintenant d’une voix douce et chagrinée.)