Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/69

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efforts, subitement.) Et je vais, tout à l’heure, te couper les cheveux.

DIANE, (qui se retourne, comme si elle ne comprenait pas.)

Tu vas me couper les cheveux ?

LA DUCHESSE.

Parfaitement, courts… jusqu’à la nuque… !

(Elle fait le geste.)
DIANE, (en souriant.)

Voyons, maman, tu plaisantes !… (Puis sa figure se crispe.) Ah ! je comprends, c’est pour me défigurer ! Allons donc, je te connais ; jamais tu n’oseras !… D’abord, on t’a soufflé cette idée-là. Elle ne vient pas de toi… (Elle dévisage sa mère en haussant les épaules.) Du reste, je ne reconnais plus ton langage… tu parles autrement… tu te forces… je le vois bien… tu te forces…

LA DUCHESSE, (énergique, sans sourciller.)

Mais, moi aussi, je me modifierai, en effet. Et tu vas le voir.

DIANE, (presque souriante, dans un geste de défi.)

Eh bien, tiens… essaye donc. Il y a des ciseaux sur la table. Pourquoi attendre ?… Va, va…

(Elle tend les ciseaux à sa mère qui, acculée, s’en empare.)
LA DUCHESSE.

Mais parfaitement, je le ferai.

DIANE.

Va ! (D’un mouvement net, elle défait ses cheveux qui s’écroulent sur les épaules. Elle s’assied sur une chaise. La duchesse manie avec quelque timidité les ciseaux, elle fait un effort considérable sur elle-même, qui n’est pas exempt de maladresse ; puis elle s’avance, prend les cheveux de Dianette. Elle y met gauchement les ciseaux. Dia-