Ah ! le voyou !…
Non… non… c’est trop ! On m’en a trop fait ! J’en ai assez ! Je n’en peux plus… (Elle égratigne le cuir du canapé, elle tape avec rage.) Ah ! tous… tous… ce qu’ils m’ont fait avec leur muflerie, leur cynisme ! Je les vomis… Je les hais, tous ces hommes !… Du premier au dernier ! (Dans un cri de désespoir.) Mais celui-là, en qui j’avais tellement foi, une confiance aveugle, folle !… Comme les autres !… Ah ! ah !… Ce que je les aurai entendus, leurs supplications, leurs ricanements, leurs injures et leurs tendresses… leurs sales baisers et leurs pleurnicheries : « Console-moi, j’ai de la peine ! » (Subitement, elle hurle.) Tas de salauds !… Tas de salauds !…
Je t’en supplie, maman, je t’en supplie ! Ne te laisse pas aller !…
Laisse-moi… Ça me fait du bien… Je voudrais crier, je voudrais crier plus fort… Je voudrais qu’ils soient tous là… Ah ! si j’avais au moins une fille, belle comme toi, une fille à laquelle j’aurais pu léguer mon expérience et à qui j’aurais dit : « Fais-les souffrir… Sois rosse… Pas de pitié. Ne te laisse pas prendre comme ta mère… Venge-nous… Garde leur argent, laisse leur cœur, et tâche de mourir jeune pour qu’ils n’aient même pas la joie de te voir crever !… »