Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/287

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sont des gens tellement intéressants et souvent bien méconnus, en dépit de quelques ridicules…

ARNOULD.

Oh ! oh ! peut-on appeler Nono une artiste ! Vous êtes bien aimable pour elle, Madame !

MADAME DE CHEVRIGNY.

Mais, certainement, c’est une artiste… Quoi qu’il en soit ç’a été une artiste… D’abord, il paraît qu’elle a eu une très belle voix. Elle a chanté jadis dans les concerts… un peu partout. Elle a été en Amérique… Mais surtout les articles spirituels qu’elle a écrits pendant deux ans au Figaro, sous le pseudonyme de la Princesse bleue ! Mon cher Monsieur, si vous les aviez bien lus, vous sauriez qu’elle a tout simplement écrit là, sous une rubrique d’élégance, les pages les plus cinglantes et les plus mordantes qui soient. Toute la société parisienne y a passé. On les éditerait que ce serait du Saint-Simon ou du… (Elle cherche.) Saint-Evremond.

ARNOULD.

Enfin, un saint quelconque. Ma cousine est une sainte !… (Entre les dents.) Une sainte qui a pas mal roulé…

ALLARD.

Oh ! oh !

MADAME DE CHEVRIGNY, (outrée.)

Enfin, Monsieur, je vous ferai remarquer que nous ne sommes pas ici pour dire du mal d’elle.

ARNOULD.

Mais c’est absolument ce qui vous trompe, Madame ! Nous sommes ici pour énumérer les raisons pressantes que nous avons de la marier et non pas de prononcer son acquittement.