Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/305

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genre, et puis… on épouse tout de même, et on vit dans le mariage comme un poisson dans l’eau.

HONORINE.

Vous savez… les vieilles carpes ne s’accommodent pas de toutes les eaux…

ARNOULD, (dans les dents, ne digérant pas ses rancunes.)

Surtout quand elles sont trop propres.

HONORINE, (tournant vers lui un sourire de trente-deux dénis.)

Oui, bonne rosse !… c’est exactement ce que je voulais dire ! Pas la peine de me souffler… En retard, mon vieux, en retard comme toujours !… Il ne dérage pas, celui-là !… (Dit-elle radieuse. Elle va gaiement fourrer une bûche dans la cheminée.)

MADAME DE CHEVRIGNY.

Mais enfin, Monsieur Martin Puech n’est pas un parti désespéré. Ce n’est pas l’espèce d’abdication de tout, que vous vous plaisez à représenter !

HONORINE.

Dieu non ! le cher homme ! c’est même le seul avec lequel je puisse vivre ! Songez ! Il n’est pas un de ses défauts que je ne connaisse…

MADAME DE CHEVRIGNY.

Restent les qualités.

HONORINE, (mettant la bûche au feu.)

Oh ! je suis tellement habituée à ses défauts qu’il me semble que je ne pourrai jamais m’habituer à ses qualités ! (Elle rit et revient.) Je plaisante ! Au fond, je l’adore !… Je l’adore, mais je ne l’aime pas… Alors ?… Je vois ça d’ici. Lui, il sera de bronze, moi de marbre… Quel groupe