Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/317

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HENRIETTE.

Il marchera… Il suffit de vouloir pour toute chose !… Voyons, ne fais pas cette tête !… Tu es restée tellement romanesque, au fond !… Il serait temps d’envisager la vie sous des couleurs plus réelles.

HONORINE, (un peu suffoquée.)

Il serait temps, en effet…

HENRIETTE, (imperturbable.)

Ça viendra… ça va venir…

HONORINE.

Avec toi… évidemment… comme modèle !… Nous ne nous ressemblons guère moralement… quoique je sois ton portrait craché, quand j’avais ton âge… paraît-il !

HENRIETTE.

On ne se ressemble jamais. Il y a l’écart d’une génération.

HONORINE.

Oui, mais l’expérience personnelle que j’ai retirée de la vie, permets-moi de te le dire…

HENRIETTE.

Non, je t’arrête… N’accuse pas, comme tu vas le faire, la fatalité de nos caractères, ni de la vie. Je ne crois pas plus aux fatalités des circonstances… les circonstances on les crée, et les caractères, on les adapte aux circonstances. En sorte qu’on est assez maître de sa vie, somme toute, ma petite Nono… beaucoup plus qu’on ne se l’avoue à soi-même. Nous autres, femmes, nous abusons de notre titre de faiblesse, mais nous pourrions être des right women… comme il y a