Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/348

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Au lever du rideau, tout est éteint, comme dans une pièce qui ne sert pas à la réception. Seule, la très grande lumière qui vient de la salle de concert, par la baie ouverte de la loggia, éclaire la scène. On entend une voix de femme qui chante, accompagnée au piano. Un domestique entre dans la galerie et donne l’électricité. Il est suivi d’Honorine.

LE DOMESTIQUE.

Si Madame veut entrer…

HONORINE.

Merci, Lucien. D’ici, de la loggia, je peux très bien vous indiquer la personne en bas…

(Ils montent à la loggia. À ce moment, la voix de femme cesse sur une note aiguë. Applaudissements.)
HONORINE.

Mais je ne voudrais pas qu’on m’aperçût. (Elle se dissimule un peu dans les rideaux de tapisserie en regardant dans la salle. Seconde salve d’applaudissements, suivie d’un silence.) Tenez, approchez-vous… Vous voyez au fond… à droite… Debout dans l’embrasure de la porte… là…

LE DOMESTIQUE, (s’avançant sur le balcon de la loggia.)

Ce Monsieur qui a une barbe noire ?

HONORINE, (s’avançant aussi, légèrement.)

Non… non… plus loin… tenez… comptez trois personnes à partir de la porte et en allant de gauche à droite…. Un… deux… tenez, ce Monsieur qui tourne en ce moment la tête et qui met la main à son gilet.

LE DOMESTIQUE.

Ah ! oui. Madame, parfaitement…

HONORINE.

Eh bien, vous allez lui dire, sans attirer l’atten-